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« Il y a un déséquilibre sur la façon dont l’Europe voit nos efforts »

Damjan Jovič est directeur adjoint de l’Office pour le Kosovo-et-Metochie (les Albanais disent Kosovë). Son rôle ? Défendre les droits des Serbes installés au Kosovo et mettre en avant les progrès des relations entre la Serbie et son ancienne province. Un discours teinté de chauvinisme et de mauvaise foi, comme beaucoup d’hommes politiques lorsqu’il s’agit d’évoquer les tensions dans l’ex-Yougoslavie.

Quel est le rôle de cette instance gouvernementale ?

L’Office couvre une large gamme de coopération avec la population serbe non-albanaise du Kosovo. Nous coopérons aussi avec la KFOR (la Force pour le Kosovo, armée multinationale mise en œuvre par l’OTAN afin d’assurer la sécurité dans la région, NDLR) et les autres organes comme l’Union européenne, les Nations unies. L’autre objectif est de protéger la culture serbe au Kosovo : nous sommes un lien entre Belgrade et les Serbes sur ce territoire.

 

Pourriez-vous décrire la situation aujourd’hui entre la Serbie et le Kosovo ? Où en sont les négociations avec le gouvernement kosovar ?

Nous concentrons nos efforts sur le chapitre 35 du programme d’adhésion à l’UE, celui sur le processus de normalisation des relations avec le Kosovo. Eux n’ont plus de ministre pour gérer cela. L’an dernier, il n’y a pas eu de dialogue entre les deux délégations à Bruxelles. Nous sommes bloqués dans ce processus. Sur les 50 chapitres discutés à Bruxelles, une trentaine sont liés aux Serbes du Kosovo : l’amélioration de leurs conditions de vie, les droits des femmes, des accords sur les documents officiels, la reconnaissance de diplômes d’université… Mais pour que les accords soient tous respectés, il faut que les deux bords jouent le jeu.

 

A Mitrovica, de l’autre côté de la frontière, comment est la situation ?

Quelle frontière ? Il n’y a pas de frontière entre la Serbie et le Kosovo. Il y a des points de passage seulement… A Mitrovica, les gens vivent une vie normale. Evidemment on apporte notre aide sociale, il y a plus de 95% de Serbes dans cette partie. Regardez, c’est la seule aire urbaine au Kosovo encore habitée par des Serbes. Plus de 40 000 personnes vivaient à Pristina en 1999 avant la mission internationale. Aujourd’hui, ils sont moins de 100. Je vous laisse mettre un mot sur ce phénomène…

 

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Slaviša Lekić

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Une guerre aux portes de l'Europe. Des miliers de morts, des centaines de miliers d'Albanais déplacés. Au Kosovo, les armes ont été déposées en 1999. Neuf ans plus tard, en 2008, la province a déclaré son indépendance, gagnant la reconnaissance de la plupart des puissances occidentales. Amère, la Serbie n'a toujours pas accepté la souveraineté du Kosovo. Entre Albanais et Serbes, les tensions sont toujours vives, malgré quelques efforts. La Serbie doit assouplir sa diplomatie si elle veut intégrer l'Union européenne. 

L’Europe… 60% des Serbes sont opposés à l’adhésion à l’UE. Est-ce pareil pour les Serbes du Kosovo ?

C’est compliqué d’expliquer aux Serbes pourquoi nous faisons tant d’effort pour adhérer à l’UE. Alors que certains engagements sur le Kosovo demandés par l’Europe ne sont respectés que de notre côté. Il y a un certain déséquilibre sur la façon dont l’Europe voit nos efforts.

L’idée de se tourner vers l’UE n’est pas la plus populaire surtout à cause de problèmes internes à l’Europe comme le Brexit, la crise migratoire. Certains pays ne s’intéressent même pas à notre candidature. Ce que nous voulons, c’est que les gens vivent mieux. Il y a des anti-UE évidemment, mais le parti au pouvoir qui a gagné les élections, est un parti pro-européen…

 

Beaucoup de Serbes nous parlent de leur amitié pour la Russie…

Durant notre histoire, les soldats russes n’ont jamais tué d’enfants serbes. C’est un des arguments qui dicte nos relations diplomatiques. Ils nous épaulent dans les institutions internationales, surtout en ce qui concerne le Kosovo. Nous avons beaucoup d’accords économiques avec eux. Pour les Serbes, la Russie est une nation amie. Ce n’est pas une provocation contre l’Europe, car les citoyens ont voté pour un parti pro-Europe. Mais les Serbes ne sont pas plus enthousiastes que cela envers l’Union européenne…

"Quelle frontière ? Il n'y a pas de frontière entre la Serbie et le Kosovo. Il y a des points de passage seulement ..."

 

© Office pour le Kosovo-et-Metochie

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